Premier jour

Il était environ 10heures du matin quand les portes coulissantes du Hall d'entrée s’ouvrirent sur un homme à la quarantaine d’année. Ce dernier n’avait pas l’air super en forme. En effet, à peine un pied posé dans l’hôpital qu’il soupira déjà tout en regardant autour de lui. Cela se voyait que c’était le matin, le ‘trafic’ hospitalier était encore relativement calme. Cependant, il se devait de bien analyser les lieux, il allait y passer un bout de temps, tout du moins, si il ne se faisait pas virer au bout d’un ou deux mois à cause de son sale caractère.

Le visage renfrogné, la barbe non rasé depuis une bonne semaine, un air hautain et acariâtre, House se mit à déambuler jusqu’au comptoir de l’accueil. Et oui, l’était nouveau et ne savait pas encore où il devait se rendre. Toutefois, il espérait ne pas devoir passer sa journée à déambuler dans toute l’infrastructure de ce bâtiment en titubant avec sa canne qui faisait office de troisième jambe pour l’infirme.

« Et bien, on va encore bien s’amuser ici… »

Il haussa les sourcils tout en s’arrêtant devant les panneaux d’information du hall d’entrée. En effet, pourquoi perdre son temps à aller demander quoique se soit à une secrétaire alors qu’il pourrait trouver son chemin tout seul si il y regardait bien. Etre souriant, il ne fallait pas lui demander mais, alors en plus, s’il était obligé de commencer à parler avec tout le monde, ouh là, rien n’allait plus. Puis, de toutes manières, il aimait n’en faire qu’à sa tête et ce n’est pas un jeunot qui viendrait le faire changer de caractère ou d’attitude.

« Regardez moi ça, c’est aussi bien indiquer que le chemin de la nationale sur une autoroute de compagne… »

Jamais content, toujours à râler, quel phénomène ce House. Mais bon, dans un endroit pareil, peut être que certaines personnes arriveraient à l’apprécier. Enfin, il ne l’espérait pas. Il aimait vivre seul, se montrer désagréable et n’avoir aucune attache. Que voulez vous, une sorte de gorille qui faisait bien son boulot, voilà ce qu’il était.

Mais bon, là, pas vraiment le choix, il allait devoir demander à l’accueil où se rendre. Néanmoins, au moment même de se retourner, il bouscula quelqu’un par inadvertance. D’ailleurs, il faillit même perdre l’équilibre et se rattrapa de justesse en posant sa main rapidement contre le mur qui lui faisait face.
La journée semblait bien commencer. Il tourna alors sa tête pour voir avec quelle personne avait il eu cet accrochage et c’est là qu’il découvrit…

La voix dure et sèche du Dr Bailey lui avait fait un choc. Et prudente, elle baissa la main qu'elle avait tendue quelques minutes plus tôt. Tout avait été si rapide, qu'Izzie mit du temps à enregister ce qu'avait dit le Dr Bailey. Elle regarda ses partenaires pour voir s'ils étaient aussi étonnés qu'elle.
Mais le temps de tourner la tête, leur titulaire était déjà parti en trombe. Et ses collégues étaient déjà à la suite du docteur. Elle du se mettre à courir pour les rattrapper, tout en essayant de se rappeler les cinq régles que leur avait énoncé le Tyran. Car oui maintenant il n'y avait plus de doute, c'était bien un tyran caché à l'intérieur de cette petite femme. Perdue dans ses pensées, elle ne vit pas le monsieur qui titubait avec sa canne dans le hall.
Un choc contre son ventre la fit revenir sur terre. Elle se trouvait devant un homme assez grand, mal rasé, la main posé sur le mur, il avait failli perdre l'équilibre sous le choc. Gênée, elle s'apprêta à s'excuser lorsqu'elle vit le visage plein d'antipathie que lui présentait l'homme. Il l'a regardé comme si elle n'était qu'une pauvre cruche sans cervelle. Il en fallut de peu qu'elle s'énerve contre ce regard froid qui la fixait. Mais elle se reprit à temps et s'excusa polimment :

_Je suis sincérement désolée monsieur je ne regardais pas où j'allais, et je n'ai pas fais attention.

House fixa la jeune femme qui venait de lui rentrer dedans et qui, d'une certaine manière, l’avait mis de mauvaise humeur. Enfin, façon de parler évidement puisqu’il était comme ça de manière habituelle. Toutefois, vivant son premier jour, il examina de bas haut, de son regard hautain, la jeune demoiselle qui se présentait face à lui.
Une jeune femme à la chevelure blonde, le regard à la fois fragile et déterminé, voilà comme il percevait celle qui devait sûrement être une interne. La blouse blanche, pas vraiment de titre spécial sur son revêtement clair, oui, il devait avoir vu juste.

De son côté, House était vêtu d’un jeans, semblant vieux de deux trois jours et donc, manquant d’une certaine fraîcheur bien qu’il semblait pratiquement propre. En haut, il portait un t-shirt noir à l’effigie du groupe ‘AC/DC’, au dessus duquel reposait un traversin noir, dont la coupe laissait penser que le diagnosticien aurait un tailleur.

« Et bien, si vous courrez comme ça pour sauver la vie d’un patient, vous en aurez perdu une bonne dizaine à la fin de votre journée… »

Laissa t-il alors échapper pour toute réaction face à cet accrochage avant d’entendre les plus plates excuses de la jeune fille qui, derrière un œil désolé, semblait avoir une certaine rage enfouie dans le regard, ce que House ne se priva pas de remarquer bien évidemment. Ce n’était guère un devin mais, remarquer les petites choses et détails faisait partie de son boulot de diagnosticien et, il ne s’en privait pour utiliser ses facultés même en dehors des patients qu’il avait à traiter.

« Et je suppose que je dois acceptez vos excuses, mademoiselle ? »

Déclara t’il dans un ton sarcastique tout en haussant légèrement les sourcils et en tournant son visage vers la gauche, laissant comprendre à la jeune interne qu’il était désireux de connaître le nom de cette dernière. Un rituel chez House était d’élire une tête de ‘turc’ dés son premier jour d’arrivé dans un hôpital et, à première vue, cette demoiselle, quelque soit la vie qu’elle mène dans ce milieu professionnel, correspondait parfaitement au profil.

Quoiqu'il en soit, il prit néanmoins le temps de se redresser, étant ainsi parfaitement droit à l'interne, gardant un regard perçant posé sur ses yeux. Appuyé de son côté droit sur sa canne, la main gauche dans la poche, House semblait attendre le train au milieu d'un hôpital à attendre la réponse de cette demoiselle qui pourrait paraître fort sympathique pour tout le monde mais qui avait l'air un peu empotée pour House.

Elle avait touché le gros lot. Déjà son titulaire qui était tout sauf sympathique et maintenant ce viel homme qui la fixait d'un air hautain. Elle détestait ce regard que beaucoup de personnes lui avait jeté. Il suffisait d'être blonde et un peu trop gentille pour qu'on vous attribue potiche de l'année. L'homme se redressa et lui parla d'un ton rude. Ne se laissant pas décontenancée, Izzie planta son regard dans le sien.
Il avait les yeux bleus clairs et on devinait qu'il analysait chaque détails, chaque mouvement de celle-ci. Cet homme était habillé en civil, mais son regard calculateur lui donnait tout l'air d'un médecin, ou d'un ancien médecin étant donné sa canne de son côté droit.
La journée s'annonçait tout sauf réjouissante. Elle avait perdu son titulaire, et le temps qu'elle passait avec cet homme, était du temps perdu, et surtout une réprimande à la fin. Mais elle ne pouvait partir comme ça sans avoir mis les choses au clair. Ce vieil homme pouvait tout aussi bien être un supérieur.
Son regard toujours plongé dans celui de l'homme qui lui fesait face, Izzie parla d'un ton clair et neutre :

_ ...Izzie Stevens. Et pour accepter mes excuses, c'est vous qui voyez, je ne vais pas vous forcer.

Un peu ironique, mais il faut dire qu'il l'avait cherché. Et pour accompagner sa phrase et fit un petit sourire du bout des lèvres. Pouvait-elle maintenant partir ? Elle attendit une réaction qui lui ferait signe que la discution était terminée, son regard plein de détermination toujours fixait sur les yeux bleus du vieil homme.

C’est qu’elle mordrait si elle avait des dents apparemment cette jeune interne du nom d’Izzie Stevens. Elle savait faire tête, ce qui plu à House d’une certaine manière, même si il ne laissait rien transparaître. Dire qu’il l’appréciait serait mentir. A ses yeux, cela était simplement une bonne qualité de médecin, voilà tout. Quoiqu’il en soit, ce n’est pas pour une appréciation personnelle qu’il allait se montrer plus aimable, bien au contraire. D’une certaine manière, quand on avait des qualités requises, House aimait les mettre à très rudes épreuves.

Bien évidemment, elle était en train de perdre son temps et, cela fut sans mal que le diagnosticien pu déceler chez elle une certaine envie de partir. Elle devait sans doute être en retard ou avoir égarée son groupe mais ça, il fallait faire attention par où on allait et voir qui était sur son chemin. Par sa précédente réflexion, il s’était imaginé le fait qu’il soit un pauvre patient en rétablissement déambulant dans les couloirs de l’hôpital avec son baxter. Là, elle n’aurait nullement échappé à la faute professionnelle, enfin, cela dépendait du patient aussi.

« Hum, me forcer. Une si ravissante femme que vous, je vous imagine déjà bien en train de me faire avancer avec votre fouet et les jambières en cuir. »

Répliqua-t-il de manière détaché en prenant un air moqueur avec son petit sourire en coin. Et oui, il avait le goût de la plaisanterie. De la plaisanterie bien à lui et souvent pas apprécié de tous mais bon, il ne se soumettrait jamais au bon vouloir des gens. Par contre, l’effet inverse ne le dérangerait pas bien qu’il soit désintéressé de tout cela. Mais House est un homme aimant avoir le contrôle de ce qu’il fait et avoir un certain pouvoir. Toutefois, avec ou sans cela, il était toujours comme il était là face à cette interne.

« Alors… »

Il jeta un rapide coup d’œil à sa montre.

« Vous êtes là depuis deux minutes, ça fait donc trois risques de pertes instantanées pour l’hôpital. Et bien, je pense que vous pouvez donc m’amener chez votre grand manitou afin que je puisse savoir quel bureau m’a été attribué… »

Il roula des yeux tout en regardant les lieux environnants et se permit de rajouter, toujours dans un ton assez sarcastique.

« Quoique vu l’ensemble, ça doit pas être la grande classe… Je devrai bien m’en contenter. »

Termina-t-il en rehaussant rapidement les yeux alors qu’il regardait de nouveau la jeune demoiselle.

Une étincelle brilla dans les yeux clairs du vieil homme. Elle sut tout de suite qu'il n'allait pas la laisser partir comme ça. Malgrès son air froid et hautain, cet homme avait quelque chose qui lui plaisait. Il lui donnait envie de se battre jusqu'au bout. Il semblait tout sauf mal en point.
Il voyait sûrement qu'elle voulait partir, il n'était pas aveugle. Mais il jouait avec elle, elle le devinait rien qu'à son sourire en coin.
Il répliqua avec un air malicieux.
Elle ne put s'empêcher d'éclater de rire. Cet homme avait certe un étrange humour mais ça ne l'a dérangé en rien.
Il avait du caractère comme elle et savait plaisanter. Elle devait en prendre de la graine. Elle lui retourna son sourire moqueur. Et attendit qu'il continue car il n'avait pas l'air d'avoir fini ses petites répliques cinglantes.
Gagné, c'était bien un médecin. Ce regard perçant qui détaillé chaque parcelles du paysage, elle en avait été presque sûre.
Voilà qui lui demandé de l'emmener jusqu'au bureau du chef. Voyons voir, pendant le visite ils étaient passé devant si elle se rappelait bien.

_Trop grand pour vous, je suppose ...

Elle lui sourit avec un air ironique et continua :

_Mais je suis sûre qu'il y a bien une petite place pour un spécialiste comptabilisant les minutes perdues.

Puis d'un signe de la tête tout en souriant, elle lui fait signe de la suivre.

Et bien, comme quoi tout était possible. Sans vouloir se montrer spécialement comique, il venait de faire rire Izzie à grand éclat. Il haussa un sourcil interrogateur, se demandant presque ce qui pouvait arrivé à la jeune femme de rire à une telle comparaison. Mais, en même temps, House la voyait bien revêtir une tenue quelque peu excentrique ou de style SM. Et oui, l’on n’a jamais proclamé que ce professionnel de la médecine était quelqu’un à l’esprit sain. Et puis, c’était tellement amusant de passer son temps à classifier les gens dans des sortes de catégorie qui semblait leur correspondre, et ce, plus que fortement.

« Hum, sans doute. Ce qui me rassure c’est que je parait moins petit que tous les jeunots qui se trouvent ici… »

Il rehaussa à nouveau les sourcils en se déclarant toujours de manière assez sarcastique. Ces propos étaient plus que souvent direct et, la plupart du temps, assez blessant. Briser quelqu’un, c’était là tout un art auquel House aimait s’adonner de temps à autres mais bon, il n’allait pas en faire trop pour son premier jour. Quoique, si il en avait vraiment l’envie…

En même temps, Izzie ne lui semblait pas une jeune fille contraire et, de toutes manières, si l’envie de la briser aussi bien physiquement que mentalement lui viendrait, il aurait tout le temps de s’adonner à ce plaisir. Il ne fallait pas comprendre par là qu’il se montrerait plus gentil, voir sympathique, ça non. Là, malgré les apparences, il était déjà plus que très aimable envers cette jeune interne.

« Hum, comme elle est mignonne… Cessez de me chercher ma chère, je les préfère brune, plus mignonne et, surtout, avec assez d’assurance pour ne pas se sentir perdue toutes les minutes. »

Et vlan, toute dose de sympathie qui aurait pu se montrer apparente disparut rien qu’avec cette réponse. Quand on disait qu’il était direct et cassant, c’était le cas. De toutes façons, puisque cette demoiselle semblait prendre sur elle, autant voir ses limites dés le début.
Elle garda quand même sa courtoisie en acceptant de le guider jusque chez le grand patron. House se demandait déjà comment se passerait cette rencontre d’ailleurs. Il n’aime pas les grands chefs en général, ses ronds de cuirs, toujours en train de faire de belles figures au lieu d’accomplir leur réel travail.
Et par-dessus le marché, il se permettait de critiquer les méthodes… Pff, vive l’administration.

« Dites moi, vous êtes interne depuis longtemps ici ?... »

Il tourna la tête, par hasard, en commençant à suivre la jeune femme, en remarquant, au loin, une salle où un patient était sous respirateur, attendant d’être réveillé.

« J’espère que non, sinon le pauvre homme doit pas être votre première victime… Enfin… »

Il tourna à nouveau son visage vers l’avant, continuant de suivre la jeune Stevens.

« Je prends mon café noir, avec un sucre. »

Termina t’il comme si il s’adressait à sa secrétaire particulière. Après tout, on ne sait jamais, qui ne tente rien n’a rien et, House, était réputé pour tenter et réussir l’impossible mais plus dans le domaine médical que le domaine humain.

Le jeu devenait compliquer. Si Izzie répondait trop elle aurait des ennuies plus tard, et si elle ne répondait pas du tout, il ne la lacherait pas si facilement. Sa remarque cinglante avait claqué dans l'air. Et Izzie avait su faire face.
Il n'avait pas supporter qu'elle lui tienne tête ou alors il ne voulait pas faire rire.
Toutefois, elle n'allait pas baisser la tête, ça jamais. Cet homme, son futur supérieur, la testé en quelque sorte. Il l'a croyé faible et sans attache, elle était tout le contraire. Juste un peu trop sensible, mais ça il ne le savait pas.

_Hum, je ne me suis pas sentie encore perdue, monsieur, je vous rassure.

Polie, restée polie et sûre d'elle. Voilà ce qu'elle devait faire. S'emporter ne servirait à rien et se moquer non plus. Il la cherchait.
Il fallait se dépêcher, se faire remarquer dès le premier jour n'était vraiment pas la bonne solution.
Quand il fit la remarque sur un patient, elle tourna la tête pour voir de qui il parlait.
Croyait-il l'impressioner ?
Sûrement car quelques secondes plus tard, il lui fit clairement savoir qu'il aimait le café noir, avec un sucre.
S'en était trop, elle se retourna et répondit avec un sourire :

_Moi je le préfère avec du lait.

Puis, elle se remit en route et ajouta avec un haussement d'épaules :

_Mais bon chacun ses goûts ...

Ils étaient bientôt arrivé, elle espérait s'en sortir vivante. Mais malgrè sa crainte, un sourire se dessina sur ses lèvres.

House continuait sa découverte de l’hôpital avec cette interne. Son regard glacial se posa de temps à autres, semblant les mépriser rien qu’en les voyant. Il n’aimait vraiment pas cela, le contact avec les patients. Ces derniers étaient toujours fragiles, s’attendaient à ce que l’on soit au petit soin avec eux et, bien évidemment, ce n’était absolument pas la tasse de thé de cet ancien chirurgien. Mais bon, chaque métier avait son lot d’inconvénient ! Mais, chez lui, c’est à se demander si il était réellement passionné par la médecine puisqu’il trouvait toujours plus de points négatifs qu’autre chose.

La jeune demoiselle, qui semblait avoir les nerfs à rudes épreuves, répondit toutefois poliment, un peu trop poliment aux yeux du docteur House qui n’aimait pas voir toutes ces personnes mielleuse, ayant peur d’avoir une mauvaise note sur leur rapport ou bien pour impressionner leur supérieur hiérarchique.
Certes, il pouvait se tromper mais, lorsqu’elle fit volte face l’espace de quelques secondes, il remarqua nettement sur le visage d’Izzie que cette épreuve pouvait presque paraître comme un véritable supplice où elle se devait de se contrôler.

« Rah lala Stevens… »

Déclara t’il alors qu’elle s’était remise à avancer.
Il était venu à sa hauteur, plaçant sa canne à l’horizontale au niveau des hanches de la jeune femme tout en lui prenant le bras.

« Arrêtez avec vos mimiques de politesses, j’ai horreur de ça. »

Dit-il tel un professeur parlant à l’une de ces élèves. Ses yeux étaient plissé et le regard presque embêté par l’attitude de l’interne.

« Vous ne m’aimez pas ? J’ai un caractère trop ‘difficile’ sans doute ? Et bien, allez y, dites le, on va pas y passer la nuit non plus… »

Reprit il en soupirant avant de se retourner et de se remettre en route dans la direction vers laquelle Izzie l’emmenait. Voilà qui était dit en tout cas. En effet, House se savait être rarement apprécié et cela ne le gênait aucunement tant qu’il pouvait voir que les gens ne l’appréciaient pas, ou bien le craignait. Les lèches bottes, il y a rien de pire. C’est comme un vilain chewing gum collé à votre semelle et dont vous avez toute les peines du monde à enlever.

Toutefois, au bout de quelques pas, il s’arrêta, se plaçant de profil en soupirant à nouveau, baissant alors la tête vers le sol en tapant à deux reprises sur la surface.

« Bon, si vous videz pas votre sac, on peut y aller ? Y a des gosses en train de crever de faim dans cet hosto, vous avez déjà assez perdu de temps. »

Lui fit il remarqué dans un ton assez mystérieux qui lui était propre. Mystérieux et néanmoins direct, voir pas très digérable, comme si House n’était qu’une sorte d’odeur ambiante gênante dont il fallait plus de courage pour l’évacuer que pour le supporter.

Que voulait-il exactement ?
Il ne l'énervait pas exactement, enfin un peu. Mais le fait qu'il l'ai pris pour sa secrétaire, l'énerva quelque peu.
On l'avait toujours pris pour l'infirmière de service quand elle était dans un hopital, pour la copine d'un étudiant en droit quand elle était à la fac, trop blonde, pas assez intelligente.
Mannequin, oui ça elle pouvait l'être facilement. Mais ce n'étais pas sa passion, sa passion c'était la médecine. C'était sauvé des vies. Chaque jour, elle devait se battre pour prouver qu'elle était bien à sa place, ici. Et ce n'était pas fini.

Izzie avait retrouvé son calme et écouta sagement le vieil homme. On aurait dit un vieux maître parlant à son élève qu'il connaissait mieux que personne. Cette pensée la fit sourire. Il tenait toujours son bras et la fixait de son regard bleu perçant.
Puis continua à avancer. Troublée, Izzie se demandait ce qu'il attendait d'elle.
C'était comme s'il voulait qu'elle dise quelque chose qui lui prouverait qu'elle n'était pas une sotte. Que devait-elle répondre ?
Il s'arrêta de nouveau et attendit qu'elle dise quelque chose.
C'était à elle de jouer.

_Je n'ai rien contre votre caractère et je n'ai aucune haine spécialement envers vous.

Elle le fixa dans les yeux et continua :

_Je ne joue pas ma lèche-botte en disant ceci. C'est juste que ... vous m'avez traité comme une secrétaire. Je ne sais pas si vous l'avez fait exprès ou pas, mais ce dont je suis sûre c'est que j'ai tout à fait ma place ici malgrè ce que vous pensez. Et je vous le prouverai s'il le faut vraiment. En tout cas avec tout le respect que je vous dois, votre café vous irez le chercher vous-même car vous le dîtes si bien ... il y a des gosses qui crèvent de faim dans cet hosto et on a assez perdu de temps !

Elle respira un grand coup et lui sourit. C'est fous ce que ça soulageait !
Puis elle reprit sa route vers le bureau du Chef.

Debout dans ce couloir à tapoter de la canne, House attendit, avec une certaine impatience, la réponse d’Izzie. En fait, c’est à ce moment précis qu’il pourrait voir si cette jeune interne avait assez de cran pour répondre comme il faut et ne pas passer pour la cruche de service, bien qu’il pensait qu’elle en faisait partie. En même temps, taillé comme une gravure de mode, sûrement talons aiguilles et porte-jarretelles, House ne remettait nullement les dons de Stevens en doute mais se demandait ce que cette Lolita savait faire exactement dans le monde médical. Ce qui était sûr c’est qu’il ne la lâcherait pas.

Elle répondit alors de manière calme, tout du moins, de manière neutre. Son air d’exaspération semblait à la fois toujours présent et absent pour House qui, ne souriant pas, écouta les propos d’Izzie avec attention. Cette dernière s’était exprimée avec honnêteté apparemment, grande qualité pour le diagnosticien acariâtre. La vie réservait pas mal de surprises. Il se souvint alors de tous les jeunes médecins, correspondant au profil de rat de faculté qu’il avait brisé et fait arrêté au bout de deux semaines. Et là, c’était l’image type du mannequin qui lui tenait tête, tout en restant courtoise.

« Bon, maintenant que c’est réglé, on va pouvoir s’y remettre. »

Il fit un très fin sourire en coin en haussant à nouveau les sourcils, ne soulevant aucun des propos cités par la jeune femme. Elle avait été claire et direct, il n’y avait rien à redire. Enfin, pour quelqu’un de normal, House lui, trouvait toujours quelque chose à redire.

« Soit dit en passant, veuillez m'excusez pour la secrétaire mais, avec une paire de lunette en plus sur votre museau et l’on pourrait se croire à l’accueil dans un de ses mauvais films X qu’il diffuse parfois le samedi soir. Faudra peut être pensez à changer ça un de ces quatre si vous venez pas me rendre visite chez moi… »

Il se mit bien évidemment en route. Le plus curieux chez lui, en dehors de son air sarcastique et moqueur, c’est qu’il était tel un asocial qui parlait sans cesse. Paradoxe étrange mais, cependant, monologuer en présence de quelqu’un pour l’humilier ou bien pour ressortir tous ces défauts semblait tellement facile pour cet homme de la quarantaine. Avait il tout de même le fond bon ? Sans nul doute, mais se montrer gentil était tellement exaspérant…

Quoiqu’il en soit, il ne rajouta rien, continuant de marcher à son aise, sans se dépêcher, chose pour laquelle il aurait eut du mal vu son moyen de locomotion auxiliaire dont il était déjà affublé depuis 5ans. Ah, les cancers, voilà une des réponses qui pouvait conduire au comportement actuel de House qui semblait rejeter une sorte de responsabilité sur la terre entière pour que le bon dieu l’accable de cette maladie qui durerait, maintenant, jusqu’à la fin de sa vie. Et oui, l’ironie du sort, il passait son temps à soigner des gens sans avoir réussi à se soigner lui-même.

réponse ailleurs ^^ https://grey-s-anatomy.forum-actif.net/Guidage-jusqu-au-bureau-du-grand-manitou-p4596.htm#4596

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